Histoire
Djibouti constitue
une enclave de peuples (les Afars et les Issas) dans une région dominée par les
Éthiopiens, les Égyptiens, les Arabes et les Turcs ottomans. Dès 1839, des
explorateurs français parcoururent la région. La souveraineté française, qui
s'est maintenue jusqu'en 1977, commença à Obock en 1862, avec la signature d'un
premier traité de protectorat avec un chef local. Fort de ses relations avec
Ménélik, le gouverneur Léonce Lagarde fit de Djibouti, fondée en 1888, le port
de l'Éthiopie. Le 22 juillet 1898, le territoire devint une colonie
française, sous le nom de Côte française des Somalis. En s'appuyant tantôt sur
les Afars tantôt sur les Issas, selon le principe du «diviser pour régner», la
colonisation a ancré les différends et les rivalités entre ces deux peuples. En
1946, la colonie devint un Territoire d'outre-mer.
Au référendum constitutionnel de 1958, le maintien du statut de TOM prôné par
Hassan Gouled Aptidon l'emporta. Le président Hassan Gouled, un Somali, réussit
jusqu'à la fuite de Mengistu et l'attaque du Front afar, à rester «neutre»
entre l'Éthiopie, pro-Afars, et la Somalie, pro-Issas. En mars 1967, les
électeurs se prononcèrent par référendum pour le maintien de Djibouti au sein
de la France. En juillet 1967, le territoire prit le nom de Territoire français
des Afars et des Issas. Un nouveau référendum, le 8 mai 1977, donna une
majorité en faveur de l'indépendance (98,8 %). Le 27 juin 1977, le
nouvel État accéda à l'indépendance sous le nom de République de Djibouti.
Entre un président issa (Hassan Gouled Aptidon) et un Premier ministre afar
(aujourd'hui Barkhat Gourad Hamadou), l'équilibre demeure précaire. Le
Parlement institutionnalisa le parti unique en octobre 1981. La volonté du
président de maintenir un équilibre entre les ethnies se traduisit par une
relative stabilité à partir de 1982. En 1992, Hassan Gouled accepta le
multipartisme; les élections législatives (1992) puis présidentielles (1993)
ont confirmé le pouvoir en place mais cristallisé davantage l'opposition entre
Afars et Issas ; les deux peuples nomades, organisés selon des structures
claniques affaiblies par les troubles, l'effondrement du pastoralisme et les
progrès de l'éducation, se disputent les pacages et, maintenant, la succession
de Hassan Gouled Aptidon.